Sommet Entertain AI : reality check pour les créateurs

Mon compte-rendu sur la 2e édition du Sommet Entertain AI

par David Pieropan

Le Sommet Entertain AI, la grande messe de la créativité et de l’intelligence artificielle au Québec, a eu lieu le 26 et 27 février au Palais des congrès. Cette deuxième édition était un véritable reality check pour les créateurs.

Voici mon compte-rendu personnel.

D’abord, ce n’était pas une conférence de technologues ni une rencontre d’artistes puristes. On était entre professionnels, et les discussions portaient autant sur la création que sur la dimension d’affaires.

Un constat frappant : même les plus grands experts trouvent que ça va trop vite. Alors si eux se sentent perdus, vous n’avez pas à vous en faire. Chaque semaine, un nouveau game changer arrive. C’est le début d’une nouvelle ère. Il faut trouver sa place, et vite.

Quelle place pour l’humain dans tout ça ?

La question de l’humain et de l’art était au cœur des discussions.

Une analogie qui m’a marqué : l’art est un Polaroid de son époque. Il capture une vision, mais il laisse aussi des traces.

Aujourd’hui, notre Polaroid, c’est l’IA.

L’IA fonctionne aussi comme un miroir. Elle reflète qui nous sommes, amplifie nos biais, nos obsessions, nos modes de pensée. Les visages trop parfaits qu’elle génère ? Ce n’est pas l’IA le problème, mais les références humaines qu’elle ingère.

Reality check : voici ce qui attend les artistes

  • Des artistes vont perdre leur job (mais pas tous – lire plus loin).
  • Ce sera difficile.
  • L’IA va prendre toute la place.
  • Rien n’est assuré, tout peut changer demain.
  • Les jeunes “AI natives” arrivent sur le marché du travail, prêts et sans nos hésitations.
  • Les créateurs doivent s’adapter. Ce n’est pas une fin, c’est une transformation.

Les bonnes nouvelles (parce qu’il y en a)

La demande en créativité ne baisse pas. Elle explose même. Si ce n’est pas vous qui la comblez, quelqu’un d’autre le fera. Ce qui est en baisse, c’est la tolérance du public pour les mauvaises créations.

La ligne du temps entre l’idée et la production n’a jamais été aussi courte. Les “one-man army” et micro-équipes armées d’IA prennent déjà des grosses parts de marché. Impossible de rivaliser avec eux sur la production pure. Ils sont plus rapides, plus efficaces.

Comme le disait Sabaa Quao, Président du PlusCo Venture Studio, on est dans une période de World Building. Les règles changent. Les anciens cadres ne tiennent plus. Il faut créer autrement.

Bref : tu es créatif ? Prouve-le. On ne te doit rien.

Le parallèle avec Da Vinci

Petite parenthèse.

Quand on pense aux plus grands artistes de l’Histoire, Da Vinci est toujours cité en premier.

Pourtant, il n’a réalisé qu’une douzaine d’œuvres majeures (contre 900 pour Van Gogh, et plus de 100 000 dessins pour Picasso).

Sa force ? Il était un chercheur, un explorateur, un documentariste de son époque.

On estime qu’il aurait écrit 13 000 pages de notes.

Les grands créateurs sont prolifiques et explorateurs à leur façon.

Les artistes qui pratiquent déjà avec l’IA ne perdront pas leur job. Ils sont trop occupés à inventer l’art de demain. Ceux qui documentent leur travail non plus.

Parce qu’être artiste aujourd’hui, ce n’est plus juste produire. C’est aussi explorer, tester, chercher, documenter.

Et c’est peut-être ça, la vraie définition de la créativité à réinventer.

L’IA n’est pas une option, c’est un passage obligé

Ce sommet l’a prouvé : l’IA n’est pas une option, c’est un passage obligé.

Il y aura ceux qui l’adopteront comme un outil, une extension de leur créativité. Et il y aura ceux qui s’accrocheront à d’anciennes méthodes, en espérant que le monde ne change pas trop vite.

Devinez qui va gagner ?

Nous entrons dans l’ère des créateurs augmentés. L’IA ne remplacera pas la créativité. Elle ne fera pas de vous un artiste. Elle va simplement amplifier ce que vous êtes déjà.

Ceux qui comprendront ce changement auront une longueur d’avance. Les autres verront leur place disparaître, non pas à cause de la technologie, mais parce qu’ils auront refusé d’évoluer avec elle.

L’histoire nous a montré que ceux qui expérimentent et documentent finissent par définir les règles du jeu.

Alors, dans cette nouvelle ère, allez-vous créer le futur ou l’attendre ?

Auteur : David Pieropan